LE JARDIN DE LUCIE LAMBERT

Article by VĂ©ronique Plesch, in Quebec Studies

 

OUVRAGES CITÉS
Livres publiés par Lucie Lambert (reproduits dans le site Web: www.lucielambert.com)
Rivard, Yvon. Frayère. Shawinigan: Éditions Lucie Lambert, 1976 (neuf sérigraphies, 27 x 21 in., tirage de 35 exemplaires).

Beaudoin, Réjean. La Mante. Shawinigan: Éditions Lucie Lambert, 1970 (sept autoportraits en sérigraphie, 14.5 x 9.5 in., 25 exemplaires).

Ricard, François. Le Prince et la ténèbre. Saint-Sévère: Éditions Lucie Lambert, 1980 (six eaux-fortes, une pointe sèche, 15.5 x 11.5 in., 40 exemplaires).

Beaudoin, Réjean. Aléa. Saint-Sévère: Éditions Lucie Lambert, 1982 (dix eaux-fortes en couleur, 9.5 x7 in., 80 exemplaires).

Brault, Jacques. La Naisssance des nuages. Shawinigan: Éditions Lucie Lambert, 1985 (18 eaux-fortes en couleur et aquatinte, 6.5 x 6.5 in, 37 exemplaires dont 11 exemplaires de tête).
Bringhurst, Robert. Conversations with a Toad. Vancouver et Shawinigan: Éditions Lucie Lambert, 1987 (11 xylographies selon la méthode traditionnelle japonaise, 13.5 x 10.5 in., 38 exemplaires dont neuf exemplaires de tête).

Jones, D.G. A Thousand Hooded Eyes. Vancouver et Shawinigan: Éditions Lucie Lambert, 1991 (sept bois de fil imprimés à la main en trois couleurs, 6 x 6 in., 45 exemplaires).
Melançon, Robert et Philip Stratford. Air. Vancouver: Éditions Lucie Lambert, 1997 (sept xylographies, 19.5 x 13 in., 35 exemplaires).

Fréchette, Jean-Marc et Douglas G. Jones. Terre d’or. Vancouver: Éditions Lucie Lambert, 2001 (sept xylographies selon la méthode traditionnelle japonaise, 11 x 6.5 in., 43 exemplaires dont sept exemplaires de tête).

Rilke, Rainer Maria, Les Roses, trad. Douglas G. Jones, préface Yvon Rivard, Vancouver: Éditions Lucie Lambert, 2003 (27 xylographies, 10 x 7 in., 63 exemplaires dont 24 exemplaires de tête).

Brault, Jacques et Ted Blodgett. Au cœur du bois / In the Heart of the Wood. Vancouver: Éditions Lucie Lambert, à paraître en 2005 (1997 (onze xylographies, 9.5 x 8.75 in., 40 exemplaires dont onze exemplaires de tête).

2) autres ouvrages cités
Beaudoin, Réjean. “Avant-propos.” Ellipse 48 (1992): 5–9.
Duquette, Jean-Pierre. “Écrire l’image.” Ellipse 48 (1992): 15–21.
Écrire l’Image – Writing Pictures. Numéro spécial consacré à Lucie Lambert. Ellipse 48 (1992).

Hartt, Frederick. History of Italian Renaissance Art. 3e Ă©d. Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall et New York: Abrams, 1987.

Hébert, François. “Lucie Lambert.” Interview Radio Canada, 6 janvier 1981. Transcription: L’Atelier, cahier nº19.

Irigaray, Luce. Speculum de l’autre femme. Paris : Éditions de Minuit, 1974.
Jacques de Voragine. La Légende dorée. Trad. J.-B. M. Roze. 2 vols. Paris: Garnier-Flammarion, 1967.

Lacan, Jacques. Le Séminaire. 20, Encore: 1972-73. Éd. Jacques-Alain Miller. Paris: Éditions du Seuil, 1975.

Lambert, Lucie. Texte inédit d’une conférence donnée en 2001 à l’université du Nouveau-Brunswick.
-----. Prospectus pour Les Roses, Vancouver: Éditions Lucie Lambert, 2003.
-----. Site Web: www.lucielambert.com

Lao-tzu. Tao te ching. Trad. Stephen Mitchell. New York: Harper & Row, 1988.
Martineau, Sheila. “Wisdom of the Imagination.” Passionate Acts: Artists Approaching Art. Texte inédit.

Matisse, Henri. Écrits et propos sur l’art. Éd. Dominique Fourcade. Paris : Herman, 1972.
Montandon, Alain. “Iconotexte.” Dictionnaire International des Termes Littéraires. www.ditl.info/arttest/art2202.php

Rivard, Yvon. “Écrire d’après les gravures de Lucie Lambert.” Texte inédit.

Plesch, Véronique. “From Image to Word: The Books of Lucie Lambert.” À paraître in Orientations: Space/Time/Image/Word. Word & Image Interactions 5. Éd. Claus Clüver, Leo Hoek et Véronique Plesch. Amsterdam-New York: Rodopi, 2005.

Wölfflin, Heinrich. Kunstgeschichtliche Grundbegriffe, 1915. Français: Principes fondamentaux de l’histoire de l’art, trad. Claire et Marcel Raymond. Paris: Plon, 1952.
Zigzag (Radio Canada) programme du 31 janvier 2005 sur Lucie Lambert.

* Cet article participe aux préparatifs pour une exposition des livres de Lucie Lambert qui aura lieu au musée de Colby College à l’automne 2006, coincidant donc avec le trentième anniversaire de la publication du premier livre des Éditions Lucie Lambert. Je dois la rencontre avec Lucie Lambert à Martin Antonetti: qu’il en soit remercié ici. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Lucie pour son amitié et pour le plaisir que ses livres me procurent et à Jane Moss pour m’avoir donné l’occasion de faire partager ce plaisir. Que Christiane Guillois et Daniel Rosenfeld trouvent aussi ici l’expression de ma reconnaissance pour leur aide et leur soutien.
Le texte est reproduit dans le numéro spécial d’Ellipse 48 (Écrire l’image).
Il s’agit du papier japonais Tairei.
Née en 1947 à Shawinigan, elle obtint un baccalauréat de l’Université Laval (1968) et un B. SP. Arts Pl. avec une spécialisation en gravure de l’Université du Québec à Montréal (1975). En 1973 elle suivit une formation en gravure à l’atelier Lacourière et Frélaut à Paris, où elle vécut de 1980 à 1983 et où elle s’initia à la calligraphie chinoise et arabe. Depuis son déménagement en 1983 à Vancouver, elle a ajouté maintes cordes à son arc: la sculpture, la céramique, la bijouterie. Ses œuvres se trouvent dans maintes collections publiques (citons notamment: la Bibliothèque nationale du Canada à Ottawa, la Bibliothèque nationale du Québec à Montréal, le Victoria and Albert Museum, la Bibliothèque nationale de France, le Getty Museum). Un numéro spécial de la revue Ellipse fut consacré en 1992 à l’œuvre de Lambert, on y trouve notamment les textes de Frayère d’Yvon Rivard, Le Prince et la ténèbre de François Ricard, Aléa de Réjean Beaudoin, La Naissance des nuages de Jacques Brault, Conversations with a Toad de Robert Bringhust et A Thousand Hooded Eyes de D. G. Jones. Les textes sont accompagnés des gravures de Lambert et de leur traduction en français ou en anglais.

Voir ci-dessous la liste des ouvrages publiés par les Éditions Lucie Lambert.
Au verso de cette page de titre on lit aussi une dédicace: “À Réjean Beaudoin, sans qui je ne serais pas ce que je suis.”

En tout, 27 planches furent créées pour le livre.
La liste que nous donnons à la fin de cet article contient pourtant dix ouvrages publiés. La Mante (1976) est pour Lambert “plutôt un album qu'un livre, composé de sept auto-portraits en sérigraphie et d'un texte liminaire d'une page de Réjean Beaudoin.” Elle précise que celui-ci “n'avait pas été pensé comme un livre” mais qu’à la suggestion d'un collectionneur elle a décidé de regrouper ces gravures en porte-folio. C’est pour cette raison que La Mante ne figure pas dans le site Web des Éditions Lucie Lambert. Relevons ici le fait fort intéressant—et touchant—que ces sept autoportraits ont été imprimés par l’artiste avec l’aide de l’auteur.
Ce fut ainsi le cas pour Conversations with a Toad et pour Terre d’or, où les dessins au lavis de Lambert donnèrent lieu à des xylographies selon la technique japonaise de l’Ukiyo-é, par Masato Arikushi.

Lucie Lambert avait eu l’occasion d’étudier avec des professeurs qui publiaient des livres d’artiste: Janine Leroux-Guillaume, Pierre Ayot et Monique Charbonneau. Lors de ses études à l'Université du Québec à Montréal elle y avait consulté la collection de livres d'artiste. Elle nous dit qu’elle s’était alors rendue à l’évidence “que le rapport du texte et des images était boiteux et parfois inexistant.” C’est alors que lui est venue l’”idée d'inverser le rapport en faisant précéder le texte par l'image.” Elle ajoute qu’elle est convaincue que “l'image offre un écran de projection plus ouvert et plus riche de possibilités… L'unité du livre y a gagné dans un rapport plus dynamique.” (lettre à l’auteur, 3 février 2005).

Sheila Martineau, Passionate Acts: Artists Approaching Art, dans son chapitre sur Lucie Lambert, a eu l’occasion de comparer le processus créatif de Lambert à celui de l’alchimie.
“Who would agree to enter into the space of light and shadow that I had engraved in copper or wood.” Trad. V.P.

J’emprunte cette heureuse expression à Beaudoin 9.
Reproduits sur le site web de l’artiste.
Pour Aléa l’emploi de l’aquatinte se fit non pas avec les moyens traditionnels de la “manière au sucre”.mais avec du sirop de mais, une technique inconnue en France.
Elle y avait suivi Réjean Beaudoin qui avait obtenu un poste à l’Université de Colombie Britannique. Beaudoin 8.

Voir le site web de l’artiste: www.lucielambert.com
Voir en particulier: “Comment établir entre le poème et l’image une complicité qui ne diminue en rien leur autonomie respective?” Lambert aime à citer Matisse lorsqu’il déclare: “Le livre ne doit pas avoir besoin d'être complété par une illustration imitatrice. Le peintre et l'écrivain doivent agir ensemble, sans confusion, mais parallèlement. Le dessin doit être un équivalent plastique du poème. Je ne dirai pas: premier et second violon, mais un ensemble concertant” (Matisse 214-15; Lambert 2001, 8 et aussi sur son site web).
www.lucielambert.com.

On remarquera que “forêt” et “écorce” sont féminines.
Il s’agit du onzième et dernier poème du livre. Citons aussi ces mots que François Hébert avait écris en conclusion à l’interview de 1981: “Soucieuse avant tout de la double métamorphose par laquelle l’arbre devient pulpe, par laquelle la nature devient gravure. Cela va de pair: le bûcheron a entaillé l’arbre comme le graveur creuse le cuivre. Œuvre commune: le premier a fait le papier, le second s’en souvient, le refait pour ainsi dire, à l’envers. Il était blanc, le papier, le voici qui noircit, brûlé par une amoureuse mémoire.” (Hébert 18).

Ou méthode de soustraction. Relevons qu’en anglais on parle de “reduction block print.”
“Le rapport osmotique qui s’établit entre l’écriture et le tracé de l’outil du graveur est le fruit d’un réseau d’affinités intellectuelles, voire spirituelles, entre deux esprits créateurs. Le résultat de ce commerce génère un constant mouvement de va-et-vient entre le texte et l’image, dans une relation intime où rien n’est jamais exprimé une fois pour toutes; de là l’inépuisable plaisir que l’on trouve à revenir à ces livres somptueux, pour y découvrir chaque fois un aspect inédit du lien mystérieux qui se tisse et se retisse entre les formes et les mots, entre les gravures et les textes.” (Duquette 15)

Lettre à l’auteur, 16 juillet 2002.
“Perhaps I might have remained a stranger to the unending metamorphosis of the creative act without the guidance and constant practice of Chinese calligraphy, through whichI feel unravelling within me the secret of some secret harmony.” Artist’s Statement.
On retrouve ici cette ancienne opposition entre le disegno et le colore, qui au XVIIIe siècle sera au cœur du débat entre Poussinistes et Rubénistes. C’est encore la même dichotomie qu’Heinrich Wölfflin repérait entre l’art “linéaire” de la renaissance et celui “pictural” de l’art baroque.

Frederick Hartt nous dit que pour Léonard, “Darkness precedes light in his thought. … Light penetrates this darkness but cannot entirely replace it.” (Hartt 439).

“Lucie vient de Lux, lumière.” (Jacques de Voragine 54). Je ne résiste pas à noter que Véronique, quant à elle, est patronne des photographes, de ce processus qui reproduit la réalité; elle a en effet “inventé” le processus photosensible, lorsque rencontrant le Christ portant la croix, elle épongea sa sueur en appliquant un voile sur son visage, et les traits de Jésus s’y imprimèrent par miracle. D’où son nom: vera icon, véritable image.
“C’est un tout, un livre.” Lucie Lambert in Zigzag.

Tout ça est très proche de ce que nous dit Lao-tseu dans le Tao-te-king, par exemple: “Look, and it can’t be seen.” Ou bien: “Above, it isn’t bright./ Below, it isn’t dark. Seamless, unnamable.” (Lao-tzu 14; je cite d’après l’édition que Lambert possède). Le taoïsme joue en effet un rôle central dans le quotidien de l’artiste qui, ainsi que j’ai eu l’occasion de le mentionner pratique la calligraphie chinoise, et qui depuis plus de quinze ans pratique le Sun Do, discipline taoïste d’origine coréenne.

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VĂ©ronique Plesch. Le Jardin de Lucie Lambert. Page

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